vendredi 3 avril 2009

Grammaire du texte: Présentation et compréhension

La réforme éducationnelle du ministère de l’Éducation nous pousse à faire plusieurs changements au niveau de l’enseignement de la grammaire pédagogique. C’est pourquoi il faut enseigner la grammaire du texte à nos étudiants. Selon Suzanne Chartrand : «Un texte est bien autre chose qu’une suite de phrases grammaticalement correctes et ayant un sens intelligible.» En d’autres mots, c’est bien beau la syntaxe, la grammaire et le vocabulaire, mais il y a plus. Elle dit aussi : «C’est une unité qui a ses propres lois dont certaines relèvent de son type et de son genre». Il faut donc, dans cette optique, respecter les règles qui sont propres pour chaque types de textes. Par exemple : Un texte narratif doit présenter les caractéristiques du texte narratif et non pas les caractéristiques d’un texte argumentif. C’est ce qui fait sa cohérence.
Selon Odette Gagnon :«Une information n’est jamais donnée gratuitement, simplement pour remplir un peu d’espace». Si une information est donnée, c’est pour assurer une bonne progression de l’information lorsque l’on parle de cohérence textuelle. On entend alors l’application des principes suivants : «L’unité du sujet, la reprise de l’information, l’organisation et la progression de l’information, l’absence de contradiction et la constance du point de vue».
L’unité du sujet est la chose la plus importante qui permet la cohérence textuelle. En effet, un texte doit être centré sur un même sujet traité au fil des phrases et des paragraphes. Un texte qui ne présente pas cette caractéristique sera considéré comme incohérent ou sans unité du sujet. Par exemple : Un texte qui parle de la soupe au chou ne doit pas traiter de la crème de poireaux. Il n’y aurait pas de cohérence.
La reprise de l’information concerne les procédés qui amènent la progression d’un texte, mais aussi, qui lui fait éviter tout répétition inutile. De ce que l’on sait, les grilles réformées du ministère de l’éducation prohibent la répétition dans les textes. C’est donc pourquoi il faut montrer aux élèves les divers procédés de reprise. Il y en existe plusieurs sortes.
D’abord, il y a la plus courante, que l’on appelle la pronominalisation. C’est ce qui semble le plus facile, mais il faut tout de même faire attention, car si son emploi est incohérent, il peut nuire aux séquences textuelles. Il faut donc montrer aux étudiants comment reprendre des informations avec des synonymes, des termes génériques ou spécifiques et des périphrases. Par exemple : dans un texte sur les chats, on peut parler de matous, de félins, etc. Ce procédé peut simplement élargir le vocabulaire de l’élève ou amener de l’information supplémentaire dans un texte. Pour développer ces compétences, je proposerais d’utiliser des exercices à effectuer en équipe pour relever des mots, ou des groupes de mots qui peuvent être des synonymes de d’autres. Avec une activité comme celle-ci, il est difficile pour un élève de ne pas être motivé à apprendre et à travailler.
Ensuite, l’avènement de nouvelles informations dans un texte amène nécessairement de la progression de l’information. Ce procédé permet d’éviter le «sur-place» dans un texte. Pour s’assurer d’une telle progression, il est important d’utiliser les marqueurs de relation appropriés, car ce sont des types d’organisateurs textuels qui font progresser un texte. La plupart du temps, ces marqueurs de relation sont des coordonnants, donc, des adverbes et des conjonctions. Chartrand dit : «Ils annoncent un nouveau passage, résument, marque une transition, concluent, etc.» Leur absence peut alors amener une ambiguité et une mauvaise progression de l’information.
Par ailleurs, pour s’assurer d’une bonne progression textuelle, il est aussi important d’organiser un texte de façon à le rendre intelligible pour le lecteur. Pour organiser cette information, on peut faire appel à des marques de division textuelle, comme les sous-titres, les intertitres et les paragraphes. Chartrand affirme qu’il est nécessaire de diviser un texte en paragraphes, car ils aident à centraliser un sujet en divers aspects et amène, si l’on veut, une certaine progression de l’information. Par exemple, un texte sur les chats traitera de plusieurs de leurs aspects et chaque paragraphe amènera une information nouvelle sur ce sujet.
Toujours selon Suzanne Chartrand, le paragraphe permet à l’œil de se reposer et au lecteur d’enregistrer ce qu’il vient de lire. Il permet aussi de faciliter la compréhension en signifiant que nous avons affaire à une unité de sens et à programmer la compréhension du texte en soulignant comment progresse l’information et en donnant au lecteur des instructions pour la lecture. Elle indique aussi que la fonction des paragraphes dans un texte est d’inviter le lecteur à dialoguer avec le texte. En résumé, l’organisation textuelle est aussi importante que la progression puisqu’elle permet une plus grande facilité de lecture et une progression de l’information sur un sujet puisque chaque paragraphe amène de nouvelles informations visant à faire progresser l’information. Pour une telle notion, je recommanderai des éléments du Suzanne Chartrand à condition que ceux-ci soient résumés par l’enseignant par ses élèves.
Aussi, l’absence de contradiction est un aspect important de la cohérence textuelle. Suzanne Chartrand souligne que «Dans un texte, aucune partie ne doit être en contradiction avec une autre partie, ni avec l’univers, c’est-à-dire, le milieu réel ou fictif évoqué par l’auteur». (ex : Il neige en Afrique). Elle indique aussi que «La cohésion temporelle est également essentielle à la non-contradiction textuelle. La cohésion temporelle découle d’un emploi judicieux des indices de temps, notamment des temps verbaux». C’est que que l’on appelle le système verbal. On peut distinguer deux sortes de système verbal : Celui du récit d’événements passés (passé simple, imparfait, passé composé, etc.) et celui du discours (qui correspond à ce qui est énoncé au présent du texte). Le système verbal amène nécessairement une meilleure situation de ce qui est dit par rapport à l’énonciation et à la réception. Pour l’acquisition de ces connaissances, j’emploierai la «grammaire noire», car elle réfère à de nombreuses notions antérieures, comme la concordance des temps, qui permetterait à l’étudiant de mieux se situer dans tout cela. Il s’agit donc d’une notion très complexe.
Finalement, toujours dans cette optique, la constance du point de vue est importante afin d’aider le lecteur à bien se situer par rapport au texte. Selon la grammaire pédagogique de Suzanne Chartrand, on représente un point de vue de trois manières : Premièrement, avec la présence de l’auteur dans le texte (je, selon moi, nous), ou son effacement (on et les autres pronoms de la 3e personne). Deuxièmement, de la façon dont il interpelle son destinataire, soit à l’aide des pronoms tu et vous ou soit pas du tout en employant un ton neutre. Enfin, l’auteur peut montrer son point de vue en adoptant une attitude neutre ou en employant des marques de modalisation.
La modalisation se présente grâce à plusieurs ressources langagières et lexicales. Ainsi, selon le vocabulaire employé de façon expressive ou neutre, l’emploi d’adverbes, l’emploi de temps verbaux, l’emploi de phrases à construction particulière, de phrases non-déclaratives ou d’expressions modalisatrices (pour ma part, personnellement, à mon avis, etc.), l’on peut connaître le point de vue de l’auteur. Pour l’acquisition de ce genre de connaissances, je proposerais encore la grammaire noire, mais en montrant alors, à l’étudiant, les différents types de textes, pour qu’il puisse éclaircir le point de vue.
En effet, le point de vue dépend du genre et du type du texte. Pour voir ces différences, il est important alors de connaître les différents types de textes. Dans un texte descriptif, par exemple, le point de vue sera généralement neutre et objectif. L’auteur du texte narratif recherche simplement à informer le destinataire. Par contre, c’est avec l’emploi de vocabulaire de l’auteur que l’on pourra déterminer si le point de vue de l’auteur est subjectif par rapport à son sujet. Dans un texte explicatif, le point de vue est très souvent neutre, car l’auteur de ce type de texte tente généralement d’informer le lecteur en s’appuya sur des recherches scientifiques. À défaut, le texte argumentatif, lui, sert à prendre position sur un sujet donné et à défendre cette position à l’aide d’arguments. On sait donc que l’auteur de ce type de texte est engagé, et alors, son point de vue sera subjectif, à l’exception d’une argumentation scientifique. En dernier lieu, dans un texte narratif, c’est un narrateur qui raconte une histoire et donc, son point de vue dépendera de sa place dans l’histoire. Ainsi, si le narrateur participe à l’histoire, on dira qu’il est un narrateur interne, donc, qu’il est directement impliqué dans l’action. Si au contraire le narrateur est non participant, on dira alors qu’il est omniscient. Son point de vue peut alors changer, mais sans qu’il emploie la première personne. Ce point de vue ne s’appliquera pas pour les dialogues. Les dialogues représentent des types de discours rapportés.
Le discours rapporté est l’intégration, dans un texte narratif ou autre, de fragments de texte produits à l’intérieur d’un autre texte. Selon Suzanne Chartrand : «La tradition grammaticale retient le discours direct, le discours indirect et le discours indirect libre». Ces fragments de texte prennent alors différentes formes selon le type de texte. Par exemple : dans un texte de type narratif, on fera l’emploi du discours direct, soit dans des dialogues, soit dans les monologues, afin de donner de l’entrain au texte. Cependant, dans un texte argumentatif, on peut citer un auteur de façon directe (Telle personne a dit : «La terre est ronde !») et de façon indirecte (ex : telle personne a dit que la terre était ronde). C’est donc pour dire que le discours rapporté ne sera pas influencé par l’aspect du texte. On évaluera seulement la pertinence du discours par rapport au texte à savoir si il amène une information nouvelle, une affirmation pertinente qui viendra confirmer le point de vue de l’auteur (surtout dans le texte argumentatif). Finalement, la grammaire du texte repose sur la cohérence textuelle et sur la pertinence des énoncés, à savoir, si ceux-ci sont pertinents pour un texte. Bien que l’enseignement du français semble très complexe, ce sont toutes ces notions qui se croisent et s’entre-croisent que nous devons enseigner. Elles dépendent chacunes les unes des autres, car la cohérence textuelle est ce qu’il y a de plus important après l’aspect grammatical. Ainsi, avec toutes ces connaissances, un élève sera en mesure d’écrire un texte cohérent. Pour enseigner toutes ces connaissances à un étudiant, je considère que la grammaire noire de Myriam Laporte sera la meilleure, à cause de la simplicité des explications inscrites.
Références :
Gagnon O., Apprécier la cohérence d’un texte, Québec Français, hiver 2003, p.62-66
Laporte M., Des moyens pour la progression d’un texte , Québec Français, hiver 2003, p.58-61
Chartrand S. La grammaire au cœur du texte : Les composantes d’une grammaire du texte, Québec Français, Hors-série, p.20-23
Chartrand S., Grammaire pédagogique d’aujourd’hui, Graphicor, 1999, p. 17-58Laporte M., Nouvelle Grammaire pratique, Éditions CEC, p.298-331

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