vendredi 3 avril 2009

La modalisation dans la grammaire du texte

Originellement, la grammaire traditionnelle était centrée sur le mot et les règles normatives. On croyait donc qu’un élève pouvait écrire une série de mots et qu’à partir de ces mots bien écrits (sans fautes), il pouvait écrire des textes cohérents. Mais, on se rendit compte que cela ne pouvait pas fonctionner. Ainsi, grâce à Genevay en 1994, on établit la grammaire descriptive. Celle-ci était innovatrice, bien qu’elle conservait les règles de grammaire déjà apprises. Mais, il apparaissait que de présenter la grammaire comme une étude raisonnée n’était pas prolifique pour les étudiants. C’est ainsi que l’on introduit la grammaire du texte, à cette nouvelle grammaire, et que maintenant, on l’enseigne en partant de la phrase, jusqu’au texte. La cohérence textuelle est amenée, au secondaire, en cinq principes : L’unité du sujet, la reprise de l’information, l’organisation et la progression de l’information, l’absence de contradiction et la constance du point de vue dans un texte.
Le ministère de l’Éducation indique que le point de vue doit s’apprendre tout au long du secondaire. Ainsi, l’élève est amené à déceler les divers procédés modalisateurs de point de vue dans un texte. Au secondaire 1 et au secondaire 2, il sera sensibilisé à observer l'emploi de pronoms personnels (je, nous, vous, on, il, ils) qui servent à marquer la présence de l'auteur par rapport à un texte. Par exemple : La présence du narrateur dans un texte est indiquée par les pronoms : soit qu’il est engagé, soit qu’il est omniscient ou soit qu’il est absent. Au secondaire 3 et au secondaire 4, l’élève sera amené à apprendre de façon systématique les situations d’énonciation. Ainsi, il saura identifier, de façon générale, les marqueurs de modalité dans un texte, par le vocabulaire. On l’initiera aux variétés d’expressions modalisatrices. Enfin, au terme de son secondaire, il sera en mesure d’identifier les marqueurs de modalité dans un texte et de les comprendre.
La modalisation est un moyen, ou un ensemble de moyens, prit par l’énonciateur afin de prendre position par rapport à son énoncé. Il s’agit donc d’un moyen de faire valoir un point de vue. Il y existe plusieurs façons de prendre position par rapport à un énoncé. D’abord, il y a l’emploi d’un vocabulaire connotatif. Ensuite, il y a l’emploi d’auxiliaires de modalité et enfin, l’emploi d’expressions modalisatrices qui démontrent l’adhésion de l’énonciateur à son énoncé. Ajoutons aussi que l’emploi de temps verbaux, de structure verbale, de types de phrases, de ponctuations et de figures de style, peuvent aussi être considérés comme un moyen de modaliser. L’important est alors de déceler le degré de présence de l’auteur dans son énoncé.
Premièrement, il faut savoir que l’emploi d’un vocabulaire connotatif dans la modalité est caractérisé par l’emploi de noms, de verbes, d’adjectifs et d’adverbes au sein d’un texte. Il y existe trois sortes de point de vue : neutre, péjoratif et mélioratif. Le vocabulaire neutre est caractérisé par l’absence d’engagement de l’énonciateur par rapport au texte. On retrouve ce type de point de vue lors d’un texte descriptif ou informatif. Le vocabulaire qui sera employé n’indiquera pas aucune prise de position, puisque le but du texte est simplement d’informer. Dans ce genre de texte, on évitera les adjectifs (Ex. : ce pittoresque paysage.) Cet énoncé indiquant un point de vue est à bannir d’un texte à point de vue neutre.
Le vocabulaire péjoratif est caractérisé par une prise de position négative. On retrouve cela dans plusieurs types de textes. Par exemple, si on parle d’un film comme étant un navet, navet étant employé comme un nom, l’énonciateur emploie alors une prise de position péjorative. Au contraire, une prise de position méliorative améliore une image (Ex. : cet excellent auteur.) Le mot excellent indique une prise de position, puisqu’on donne un point de vue. Notons aussi que certains adverbes sont des adverbes de modalisation (ex : Heureusement, absolument, sûrement, sérieusement) et que l’on inclut aussi, dans la modalité, des locutions adverbiales (ex : sans aucun doute, bien sûr, bien évidemment, etc.) Par conséquent, le vocabulaire employé dans un texte indique le degré d’adhésion de l’énonciation à son énonciation.
Deuxièmement, l’emploi d’auxiliaires de modalité est très important au sein du point de vue, de même que l’emploi de temps verbaux. La valeur sémantique des auxiliaires de modalité est variée : ceux-ci peuvent être considérés comme étant des verbes incitatifs, de volonté, de nécessité, d’incertitude, d’obligation, de souhait, etc. Les principaux sont : Devoir, pouvoir, falloir, désirer, sembler, vouloir, etc. (Ex. : Il faudrait faire nos devoirs). Ces auxiliaires sont toujours suivis d’un verbe à l’infinitif qui vient préciser la nature de l’action. Le verbe est à l’infinitif à cause du fait qu’il ne s’agit pas d’un auxiliaire comme avoir ou être, et donc, il ne s’accorde pas. On remarquera aussi que ces auxiliaires sont employés au futur ou au conditionnel. Le système de temps verbaux est, par conséquent, important dans la modalité.
Troisièmement, l’emploi d’expressions modalisatrices et de figures de style peut indiquer le point de vue de l’énonciateur dans un texte. L’insertion d’une expression modalisation implique directement l’engagement d’un auteur face à un énoncé. On y retrouvera des expressions comme je crois que…, personnellement, je suppose, à mon avis, d’après eux, selon moi, etc. L’emploi de figures de style aussi amène une implication directe de l’auteur dans son texte. On retrouve habituellement, comme figures de style, l’emploi du chiasme, de la litote, de l’ironie, de l’antithèse, la métonymie, la comparaison, la métaphore, l’hyperbole, l’euphémisme, le parallélisme, la personnification, le pléonasme, la gradation, l’accumulation, etc. En utilisant ce type d’expressions figuratives, une énonciation montre alors son implication face à son énoncé.
De plus, l’emploi de divers types de phrases transformées amène nécessairement une implication de l’auteur face à son énoncé. On peut distinguer les trois types fondamentaux de phrases : la simple déclaration, la question et l'ordre. La phrase de type déclarative est une phrase qui vise simplement à affirmer quelque chose. Ce type de phrase devient important à partir du moment où l’énonciateur change la tournure de la phrase (phrase impersonnelle, négative ou passive). Lorsqu’elle prend une tournure interrogative (pose une question), la phrase est un acte de modalisation important. Les tournures et les moyens de l’employer sont très divers. Je ne vais pas ici en faire un exposé complet et global, mais les caractéristiques de la phrase interrogative méritent tout de même un peu d’attention : inversion du sujet (que fais-tu?), présence d'un mot interrogatif qui peut être un pronom, un déterminant, un adverbe (qui que, quoi, où, comment, pourquoi), etc. La modalisation réelle en tournure interrogative s’illustre alors en deux points : L’interrogation totale et l’interrogation partielle. L’interrogation totale appelle généralement une question par oui ou non. L’interrogation partielle amène une réponse précise à une question ouverte. (Ex. : Que voulait-il?) La réponse ne peut alors qu’être plus concrète et impliquer directement l’énonciateur.
Donner un ordre est encore évidemment un moyen pour l’énonciateur de donner son point de vue. Ce procédé est aussi susceptible d’amener le lecteur à déceler l’implication de l’auteur. Par conséquent, lorsque la phrase n’est plus une phrase de base, elle devient un outil de modalisation important.
Enfin, la ponctuation joue un rôle essentiel et important au sein d’un texte, car c’est à cela qu’on attribue souvent les types de phrases. C’est aussi à cause de cela que l’on peut déceler la modalité dans un texte. À l’oral, pour faire valoir le degré d’émotivité dans une énonciation, on se servira de l’intonation. À l’écrit, on fera valoir cette intonation par la ponctuation. Ainsi, une phrase exclamative visera à en faire voir davantage. Il en est de même pour une phrase à tournure interrogative. L’interrogation implique directement l’énonciateur à son lecteur. C’est donc grâce tout cela que l’on décèle le degré d’implication de l’auteur face à son énoncé.
Notons aussi que dans un texte, il est possible qu’un énonciateur fasse intervenir d’autres énonciateurs afin de venir corroborer ce qu’il dit sans nécessairement en assumer le propos. On appelle cela la modalisation en discours second. Par exemple : « D’après les médias, ce film est génial ».
Ainsi, la modalisation se retrouve partout dans un texte et elle est essentiellement une question de sens. C’est aussi pourquoi, au terme de son secondaire, un élève doit connaître les divers aspects de la modalisation. Cette connaissance lui permettra de comprendre le sens d’un texte et de composer des textes.
Références:
— http://users.skynet.be/fralica/refer/theorie/annex/figstyl/cafistyl.htm
— Chartrand S., Grammaire pédagogique d’aujourd’hui, Éditions Graphicor, 1999
— Laporte M., Nouvelle Grammaire pratique, Éditions CEC, 2007
— http://grammaire3000.free.fr/gramma4.htm
—http://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/modalisation.php
—http://bbouillon.free.fr/univ/ling/Fichiers/enonc/enonc3.htm

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